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Paul Cupido : « J’aime créer des compositions comme un musicien »

L’artiste néerlandais expose sa dernière série de photographies dans le tout nouveau Leica store à Paris, en partenariat avec Château Palmer.

En 2022, la marque Leica et Château Palmer, domaine viticole producteur de grands millésimes à Margaux, près de Bordeaux, ont créé une résidence pour photographes, intitulée « Instants ». Le lauréat séjourne ainsi durant plusieurs mois au château et produit une série d’images qui sont exposées l’année suivante à la Galerie Leica. Cette année marque leur première exposition.

« Séléné », de l’artiste néerlandais Paul Cupido, est une série onirique qui mêle la nature, l’eau, les corps humains, le ciel, les fleurs, les feuilles… avec une merveilleuse gamme de couleurs. On peut d’ailleurs s’étonner que ces photographies aient été prises en France. Aussi remarquable, le livre, publié par Filigranes, se présente sous la forme d’un carnet de notes, et invite l’acheteur potentiel à tourner ses pages, à le tenir comme un objet intime, avec presque le désir d’écrire ses propres sentiments sur les images elles-mêmes.

Blind s’est entretenu avec Paul Cupido à l’occasion du vernissage de l’exposition.

Alors on danse, 2022 © Paul Cupido pour la résidence INSTANTS, Château Palmer et Leica 2022
Alors on danse, 2022 © Paul Cupido pour la résidence INSTANTS, Château Palmer et Leica 2022

Quelle est votre intention avec cette série de photographies ?

Je travaille sur ce projet depuis que j’ai obtenu mon diplôme. Il s’agit de la notion japonaise de néant. Il ne faut pas avoir peur du néant. C’est une chose vraiment positive. Et vous pouvez l’expliquer. Par exemple, si vous roulez hors de votre lit et que vous videz la chambre, vous faites de la place pour que le soleil puisse y pénétrer. J’aime vraiment faire le vide dans mon esprit, marcher avec mon appareil photo, être dans le moment présent et voir ce qui vient. Il ne s’agit donc pas d’un concept, mais plutôt d’un moment d’émerveillement. Je me sens comme un enfant.

Il s’agit aussi de représenter la nature d’une certaine manière, ce qui la rend évidemment belle…

La nature est très importante pour moi. Elle m’apporte une bonne énergie, une bonne fréquence, comme le corps humain. J’aime beaucoup le lien entre la nature et le corps humain. J’aime créer des compositions comme un musicien. Avant d’être photographe, j’étais compositeur. J’aime donc composer avec une grande note, puis une petite note, et ainsi de suite.

Où avez-vous appris la photographie ?

Je suis diplômé de la Fotoacademie d’Amsterdam.

L’impression est très raffinée, en particulier sur le papier japonais utilisé pour certaines photographies. Avez-vous un processus particulier ?

Je veux créer une sensation tactile. Je veux que les spectateurs sentent le côté vulnérable. La photo elle-même n’est donc pas prête tant qu’elle n’est pas imprimée. J’aime beaucoup travailler avec des papiers spéciaux, en particulier ceux fabriqués au Japon. Je les aime vraiment pour la façon dont ils absorbent la lumière. Les papiers européens sont plus blancs.

Sur le papier japonais, l’image pénètre vraiment dans le papier.

Oui, elle s’y incruste. Et c’est vraiment ce que j’aime. L’image devient alors un seul objet. Par exemple, celui-ci est un papier kozo naturel. Le kozo est une fibre de mûrier. La texture est vraiment scintillante lorsque le soleil brille dessus. Elle crée un petit effet doré.

Nuage, 2022 © Paul Cupido pour la résidence INSTANTS, Château Palmer et Leica 2022
Nuage, 2022 © Paul Cupido pour la résidence INSTANTS, Château Palmer et Leica 2022

Votre livre ressemble à un carnet de notes, c’est un format assez inhabituel. Comment vous est venue cette idée ?

Nous étions au château. À l’étage, nous avons trouvé une petite boîte remplie de vieux journaux, pleins d’informations sur les endroits où les viticulteurs traçaient les vignes. C’était très joli. C’était exactement un carnet de notes. Et je me suis dit : “il n’y a pas de discussion possible. Nous allons faire le livre exactement comme ça.”

Avez-vous d’autres projets en ce moment ?

Nous allons à Photo London en mai, mais c’est tout pour la saison. Ce projet a demandé beaucoup d’énergie. C’était une course, avec le livre, l’impression, la direction artistique et l’exposition.

Comment s’est déroulée la résidence au Château Palmer ?

Elle a duré un an. En fait, j’ai goûté à toutes les saisons. Nous avons commencé au début du printemps et j’y suis retourné trois fois, à chaque saison du processus de vinification.

Où avez-vous séjourné pendant la résidence ?

Près du château. Tout est fait pour que vous soyez vraiment au…

Au milieu de la vinification ?

Complètement intégré. Si vous libérez vos sens et que vous les écoutez vraiment, alors cette expérience devient, je pense, très forte. Elle affecte vraiment votre travail. J’appelle cela obtenir le sens d’un lieu. J’ai alors mis ce lieu dans ce livre et cette exposition.

Premiers Symptomes, 2022 © Paul Cupido pour la résidence INSTANTS, Château Palmer et Leica 2022
Premiers Symptomes, 2022 © Paul Cupido pour la résidence INSTANTS, Château Palmer et Leica 2022

Avez-vous pris des photos lorsque vous étiez sur place ?

Oui, toutes les images ont été réalisées sur place.

Toutes les images de cette série ont-elles été réalisées en France ?

Absolument toutes.

C’est étonnant, car elles rappellent davantage le Japon.

Ça, c’est ma philosophie.

Le vin était-il bon ?

Le vin ? Le meilleur. Au déjeuner, il était très agréable.

Océan, 2022 © Paul Cupido pour la résidence INSTANTS, Château Palmer et Leica 2022
Océan, 2022 © Paul Cupido pour la résidence INSTANTS, Château Palmer et Leica 2022

« Séléné » de Paul Cupido est exposé jusqu’au 24 juin 2023  à la Galerie Leica, 26 rue Boissy d’Anglas, 75008 Paris.

Le livre est disponible au prix de 35€ aux Editions Filigranes.

Plus d’informations sur la résidence Château Palmer / Leica ici.

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