
Elles s’appellent Priya, Emily ou encore Rebecca. Elles viennent du Sri Lanka, du Kenya et du Nigéria et travaillent désormais toutes au Liban pour des familles qui les logent et les nourrissent en échange de leurs services domestiques. Pire : elles sont véritablement captives de ces familles. Un système mis en place par l’Etat, le système Kafala, les lie légalement à leur employeur qui ont tous les droits sur eux. Leurs conditions de vie dépendent ainsi uniquement des préjugés et des valeurs de leurs employeurs. Quand certaines vivent dans des conditions de vies décentes, d’autres subissent un esclavage moderne d’une grande violence physique et symbolique.
“J’ai essayé de présenter la situation sous un angle plus personnel, subjectif et moins explicitement violent” explique la jeune photographe libanaise. Dans son projet A Bigger Room, elle tente de présenter la place des ces femmes – Priya, Emily et Rebecca – qui vivent dans l’entourage de la photographe : en cuisine, dans l’arrière-cours, dans leurs chambres exiguës, elles occupent ces lieux interstices, indéfinis et invisibles. Le titre de la série fait ainsi référence au rêve d’avoir une chambre plus grande, car la leur est minuscule : symbole de la place qu’elles occupent dans leurs foyers d’adoption et dans la société libanaise. Avec beaucoup de délicatesse et de respect, Manu Ferneini dresse le portrait bouleversant de ces captives des temps modernes.




Emily © Manu Ferneini

Une liste de courses écrite par Emily qui dit : “Le Pain de Madame” © Manu Ferneini

Par Coline Olsina