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Rencontres d'Arles 2019 : Brutale est la Photo/Brut

Rencontres d’Arles 2019 : Brutale est la Photo/Brut

Aux Rencontres de la photographie d’Arles, une exposition est consacrée à la pratique photographique des artistes bruts. Près de 500 œuvres sont présentées. Face à ce corpus très fourni, le visiteur passe de la surprise, à la tristesse et parfois même, à l’effroi.
Anonyme, Obsession, vers 1880. Collection Bruno Decharme.

Il y a d’abord l’émotion qui nous vient devant certaines pièces. Ainsi de Elke Tangeten, artiste belge, qui tisse des pages de magazine, le plus souvent des représentations d’icônes religieuses. Son geste, très minutieux et organique, prouve une vive créativité et une grande sensibilité. On ne peut qu’être touché par son parcours de vie brisé par un accident de la route et une fragilité intense qui fait d’elle une artiste hors des sentiers battus. L’exposition détaille d’ailleurs très bien la biographie de chacun de ces créateurs. Il y a une étude poussée sur le travail effectué par l’artiste et le contexte de sa découverte. Une entreprise atypique qui éveille les curiosités et constitue une audace dans la programmation du Festival. Nombreux d’ailleurs sont les médias qui l’ont mentionnée comme une des expositions incontournables de cette édition. 

Malsaines 

Mais le visiteur peut vite être pris d’un sentiment de tristesse tandis qu’il contemple ces innombrables images. Celle de cet homme qui photographie uniquement sa femme qu’il réduit à un objet sexuel dans des mises en scène malsaines, ce voyeur qui invente un dispositif sordide pour capturer l’intimité de ses voisines ou encore cet homme d’affaires qui documente de manière vicieuse la relation qu’il a eue avec sa secrétaire et ira jusqu’à exposer les poils pubiens, les ongles et les plaquettes de contraception de cette femme tout en écrivant leurs ébats dans les moindres détails. Sentiment de tristesse de voir les obsessions de ces créateurs qui les emprisonnent dans un cycle répétitif et mélancolique. Sentiment de tristesse de constater la solitude extrême dans laquelle ces personnes ont créé, victimes de leur isolement. 


Anonyme « Zorro », 1967. Collection Bruno Decharme.

Obscénité 

Ce qui frappe davantage encore est l’obscénité présente dans beaucoup de ces images dont certaines peuvent être insoutenables pour certaines personnes. C’est par exemple le cas de celles de Marian Henel qui se photographie nu, dos à l’objectif, exhibant son postérieur dans des postures pornographiques tandis qu’il porte une robe. Des photographies brutales, qui peuvent choquer les sensibilités et qui sont placées sans aucune mise en garde. Idem pour celles de Lubos Plny qui s’est cousu le visage avec du fil pour sentir les mouvements de son corps et a demandé à un de ses amis de le photographier. Troublantes images qui ont leur place dans un festival dédié à la photographie, mais qui nécessiteraient un avertissement explicite au public. Pas un mot, pas une mention à ce jour. Le diable est dans les détails. 


Zdenek Kosek, 1980. Collection Bruno Decharme.

Alexandre Lobanov, vers 1960. Collection Bruno Decharme.

Par Coline Olsina et Jean-Baptiste Gauvin 

PHOTO / BRUT, Collection Decharme & Compagnie

 1er juillet – 22 septembre 2019

Mécanique Générale, Arles

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