Lorsque Donald Trump a annoncé sa candidature à la présidence des États-Unis, le 15 juin 2016, il a fait connaître sa position au monde entier en utilisant une rhétorique raciste et xénophobe visant à susciter un sentiment anti-immigration chez sa base nationale blanche. « Lorsque le Mexique nous envoie ses citoyens, il n’envoie pas les meilleurs, a déclaré Trump. Il envoie des gens qui ont beaucoup de problèmes, et ils introduisent ces problèmes chez nous. Ils introduisent de la drogue. Ils introduisent le crime. Ce sont des violeurs. »
Bien que Trump lui-même ait été accusé d’inconduite sexuelle par au moins 23 femmes depuis les années 1980, sa tactique alarmiste a fonctionné. Depuis son élection, il a mené une campagne contre les immigrants des pays du Sud, des deux côtés de la frontière. En seulement trois ans, les politiques de l’administration Trump ont détruit des familles entières, déraciné d’innombrables existences et laissé des gens souffrir et périr dans des locaux où ils sont privés des droits qui sont les leurs selon la Convention de Genève.
Il est facile de se perdre dans les gros titres de l’actualité quotidienne, et d’oublier l’ampleur et la portée de ces abus de pouvoir. La nouvelle exposition Trump Revolution : Immigration, la première d’une série de six qui exploreront, cette année, l’impact de la 45e présidence, a vocation de donner un sens à cette agression implacable. Ici, les commissaires Cynthia Rivera et Michael Kamber rassemblent le travail de huit photographes et cinéastes dont Greg Constantine, Kholood Eid, Luis Antonio Rojas, Elliot Ross, Griselda San Martin, John Moore, Cinthya Santos-Briones et Laura Saunders, qui examinent la complexité du problème tout en montrant ce qu’il en coûte véritablement aux hommes.
Pile ou face
John Moore, seul photojournaliste à avoir eu accès à la prison d’Abou Ghraib durant la guerre en Irak, présente une série émouvante de scènes intimes rendant compte de la crise. En 2017, il a accompagné des membres de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) des États-Unis lors d’un raid à Bushwick, Brooklyn, et saisi l’instant redoutable où ils frappent à une porte. Image faussement banale, qui ne fait qu’accentuer l’horreur qu’elle évoque : c’est la quintessence même de la banalité du mal.
Dans un autre ordre d’idées, Cinthya Santos-Briones présente les travaux du projet collaboratif Living in Sanctuary, qui rassemble des photographies, des dessins, des textes manuscrits et des interviews audio avec des personnes réfugiées dans les lieux sacrés – ceux-ci comptant parmi les derniers asiles de la nation. Ici, ce sont les persécutés et leurs défenseurs qui s’expriment. Leurs visages et leurs mots témoignent des conséquences, sur eux, d’une politique allant à l’encontre des droits humains universels.
Trump Revolution : Immigration présente également un deuxième volet, LINEA : The Border Project, réalisé par des photographes de Magnum, dans une autre galerie située plus loin dans la rue. Ici, les travaux de 16 photographes, qui ont passé deux semaines de chaque côté de la frontière américano-mexicaine, offrent un regard à multiples facettes sur la beauté complexe d’une région et de ses populations bafouées. Considérés ensemble, leurs travaux fournissent un aperçu impressionnant, parfois hallucinant, de l’impact colossal et des implications inquiétantes de la croisade anti-immigration du président.
Woman looking out stained glass window. January 2019 © Cinthya Santos-Briones
Tijuana. 2019. Pro Amore Shelter. © Alessandra Sanguinetti / Magnum Photos
Par Miss Rosen
Trump Revolution : Immigration
Jusqu’au 29 mai 2020
Bronx Documentary Center, 614 Courtlandt Avenue, Bronx, NY 10451, États-Unis