D’où vous est venue l’idée d’organiser cette expo-vente ?
Cette expo-vente est née de notre frustration dans notre métier d’utiliser la nourriture à des fins publicitaires. Je suis photographe culinaire depuis dix ans, j’adore mon métier, mais il y a aussi le fait que nous utilisons de la nourriture uniquement pour vendre une image au milieu de l’agroalimentaire, à celui de la grande distribution. Nous avons beau adorer notre métier, il y a parfois du gaspillage alimentaire. Il y a pourtant des gens qui meurent de faim, des personnes qui ont des problèmes pour trouver de quoi manger… La première envie de cette expo-vente est donc d’utiliser notre métier pour dire que grâce à cette vente, nous allons agir pour lutter contre la faim et le gaspillage alimentaire.
Vous allez donc reverser le bénéfice des ventes à l’association Les Frigos solidaires. Pouvez-vous nous présenter cette association ?
Cette association aide les restaurateurs à mettre en place devant leur devanture un petit frigo qui est à destination de tout le quartier. Il est placé à l’extérieur des enseignes. On peut y mettre de la nourriture si on est un particulier ou un restaurateur pour éviter le gaspillage et cela permet donc de lutter contre la faim, c’est-à-dire que les familles qui en ont besoin, les familles monoparentales, les personnes sans domicile fixe, tout le monde, peuvent se servir gratuitement. C’est vraiment à disposition dans la rue, on n’a pas besoin d’entrer dans le restaurant.

Champignon sur terre aride © Maud Argaïbi
Une association locale, avec un impact visible
Pourquoi avez-vous choisi cette association ?
On souhaitait reverser l’argent à une association locale, avec un impact visible. Le but c’est notamment trouver de quoi acheter au moins un frigo. L’association dispose d’une cinquantaine de frigos partout en France. Beaucoup à Paris, mais aussi ailleurs, comme à Nancy ou en Corse par exemple.
Cette expo-vente est aussi un moyen de mettre en avant la photographie culinaire. Vous estimez qu’elle doit être mieux connue ?
Oui, tout à fait. Nous souhaitons que la photographie culinaire soit plus connue et reconnue. Aujourd’hui, la photographie culinaire est associée avant tout à Instagram. Nous n’en voyons pas dans les musées, il y en a très peu dans les festivals. Mon rêve c’est qu’elle ait le même statut que les autres styles de photographies. Parmi les personnes qui ont donné leurs photographies pour la vente, certaines ont vingt d’expériences dans le domaine et elles mériteraient d’être plus connues en tant qu’artistes.

Chocolat © Alice Santini
Propos recueillis par Jean-Baptiste Gauvin
Pour voir et enchérir sur les photographies : https://reflexengages.fr/expo-vente/