
#4124, 2005, From the series House Hunting, © Todd Hido, Courtesy Galerie Les filles du calvaire
Todd Hido est installé dans le paysage de la photographie depuis les années 90. Exposé dans de nombreux musées, foires et festivals internationaux- parmi lesquels le Musée d’Art moderne de San Francisco, les Rencontres de la Photographie d’Arles, le Withney Museum à New York- Todd Hido s’est fait connaître avec House Hunting dont on retrouve ici une partie de ce corpus. Dans cette série de photographies – sa première-, il s’est intéressé aux maisons des quartiers des banlieues résidentielles des Etats-Unis. Ces images donnent toutes à voir des maisons, de nuit, baignées dans un éclairage de lampadaire, comme flottant dans une pénombre ultra travaillée. La présence de l’homme ne se décèle qu’au prisme de fenêtres fermées mais pourtant éclairées.

#2319-b, 1999, From the series House Hunting © Todd Hido, Courtesy Galerie Les filles du calvaire
La lumière comme narration
Sans mise en scène, mais avec un maniement prodigieux du cadrage et des jeux de lumière, il parvient à faire de l’image fixe une fiction. Le photographe explique qu’il aime s’approcher des maisons la nuit pour les photographier parce qu’elles réveillent son imaginaire : que font les habitants et comment vivent-ils derrière ces murs et ces fenêtres ?
Portraits mis à part, Todd Hido ne pratique pas la mise en scène. La lumière, les cadrages, son rapport aux indices suffisent à donner aux photos cette dimension mystérieuse et polysémique. Pour lui, ce qui est important c’est de pouvoir capter une luminosité pour parvenir à dire un instant. S’il sait si bien dompter la lumière c’est aussi parce que Todd Hido entretient avec l’ombre et l’obscurité un rapport extrêmement fort.

© Todd Hido, Courtesy Galerie Les filles du calvaire
Des techniques simples et subtiles
Ces images sont souvent brumeuses et sombres, parfois jusqu’au malaise. Une sensation que l’on retrouve dans sa dernière série, Bright Black World, dans laquelle il décrit un monde post-apocalyptique. Au travers de ces clichés, pris dans le Nord de l’Europe, le photographe explique avoir voulu dépeindre la période de crise et de tension que nous traversons, qu’il s’agisse de politique ou d’écologie : «Il ne fait aucun doute que ce travail porte sur le caractère physique du changement climatique qui se produit actuellement. Bien que beaucoup de gens soient dans le déni total de cette mutation, elle se produit bien plus rapidement que prévu.»

© Todd Hido, Courtesy Galerie Les filles du calvaire
S’il dépeint aussi bien les ambiances lumineuses, les atmosphères, c’est qu’il se plaît à travailler avec la technique. Ainsi, pour cette dernière série c’est souvent dans l’habitacle de sa voiture qu’il parvient à créer ses images, en se jouant des gouttes de pluie, des effets de condensation, de son recul par rapport à la vitre.
Véritable cinématographe de l’image fixe, Hido est aussi un photographe de l’empreinte : il s’intéresse non seulement à celle que l’homme laisse sur les paysages, en façonnant et habitant le monde, mais également, à la façon dont en tant que photographe il est possible de prélever la fragilité d’un instant, avec la mélancolie qui s’y affère. Romantique obscur, ses travaux brumeux ont en fin de compte trait à la peinture, et ce n’est pas pour rien si par endroit il cite le peintre Turner…

#11797-3252, 2017, From the series Bright Black World © Todd Hido, Courtesy Galerie Les filles du calvaire

#11506-3940, 2014 © Todd Hido, Courtesy Galerie Les filles du calvaire
Par Sophie Puig
Todd Hido, Light from Within
Du 6 septembre au 19 octobre, 2019
Galerie Les Filles du Calvaire, 17 rue des Filles du Calvaire, 75003 Paris