« Je suis avec Louise et Caroline. Nous passons nos vacances en Suède. Nos amis, Marina et Fredrik nous prêtent leur maison, à Lund, une petite ville universitaire du sud.
C’est Louise sur la photographie. C’est une photographie couleur prise avec mon appareil fétiche et de toujours. Elle a été prise avec une pellicule Kodak. Nous marchons, tous les trois, sur ce très long ponton qui mène à un sauna magnifique. Je ne sais plus si c’est la mer du Nord ou la mer Baltique. Je ne sais plus non plus, si ce jour-là, Louise crie ou recrache ses cheveux, comme du feu.

© Julien Magre
C’est un été spécial que je ne voudrais pas revivre. Ici, pas besoin de donner la raison. Il fait beau cet été-là. La maison est confortable, on s’y sent bien mais cela ne suffit pas à nous apaiser. C’est un été où le silence est nécessaire. Nous nageons beaucoup dans la mer gelée, nous marchons beaucoup dans de lumineuses forêts. Je prends beaucoup de photographies sans réfléchir aux photographies que je prends et nous tirons à l’arc sur de faux cerfs. Ce n’est pas un été où l’on rit beaucoup et l’on ne cherche pas à rire beaucoup. Ce voyage isolé ne nous fait, ni du bien, ni du mal. Nous acceptons juste un réel un peu trop fort et très encombrant.
Ce jour-là, nous vivons. »
Par Julien Magre