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Le quotidien des Ukrainiens déplacés par la guerre

A l’extrême ouest de l’Ukraine, dans l’oblast de Transcarpatie, la ville de Chop est un nœud ferroviaire vers la Hongrie et la Slovaquie. Les réfugiés y fuient la guerre et sont en quête de sécurité dans l’ouest du pays, ou de l’autre côté, sur le territoire des nations de l’OTAN.

Alors que la guerre en Ukraine débute son deuxième mois, la crise humanitaire s’amplifie de manière exponentielle, les civils étant les principales victimes de l’offensive russe. Bombes, missiles et autres tirs d’artillerie pleuvent sur les villes et villages, sans les épargner : à ce jour, les Nations Unies dénombrent 1081 morts et 1707 blessés parmi eux. Ces chiffres approximatifs sont sans doute bien en deçà d’un bilan probablement beaucoup plus élevé.

En plus des morts, l’UNHCR, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, affirme que près d’un quart de la population ukrainienne est à ce jour déplacée. Plus de 10 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer en raison de la guerre. 6,5 millions sont déplacées à l’intérieur des frontières de l’Ukraine, et ont dû quitter leur ville ou village pour se réfugier dans d’autres régions, à l’écart des combats. 3 autres millions ont fui le pays. Selon le même rapport, quelque 13 millions de personnes sont bloquées en raison des combats et de la destruction des infrastructures comme les routes et les ponts, sans ressources vitales ni accès à des zones sécurisées.

Des Ukrainiens discutent à la frontière entre la Slovaquie et l'Ukraine. 8 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Des Ukrainiens discutent à la frontière entre la Slovaquie et l’Ukraine. 8 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Des Ukrainiens à la frontière entre la Slovaquie et l'Ukraine. 8 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Des Ukrainiens à la frontière entre la Slovaquie et l’Ukraine. 8 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind

Ceux qui le peuvent se dirigent vers l’ouest, loin des explosions, vers les frontières avec la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie. À la date du 26 mars, selon les chiffres des Nations Unies, plus de 2,2 millions de personnes ont fui vers la Pologne, plus d’un demi-million vers la Roumanie, tandis que la Hongrie en a accueilli près de 350 000 et la Slovaquie 275 000. A mesure que les jours passent, le flux de réfugiés ne cesse de croître.

Le photographe Ismail Ferdous, envoyé spécial pour Blind, les a suivis jusqu’à ces zones frontalières, en quête de sécurité à l’extrême ouest du pays, aussi loin des combats que possible.

Devant la gare d'Uzhhorod, un bus attend les réfugiés pour les prendre en charge vers les différentes frontières. 17 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Devant la gare d’Uzhhorod, un bus attend les réfugiés pour les prendre en charge vers les différentes frontières. 17 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Des personnes viennent manger à la gare d'Uzhhorod, en Ukraine. 17 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Des personnes viennent manger à la gare d’Uzhhorod, en Ukraine. 17 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
A la gare d'Uzhhorod : Des Ukrainiens qui arrivent de différentes régions de leur pays. 17 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
A la gare d’Uzhhorod : Des Ukrainiens qui arrivent de différentes régions de leur pays. 17 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
À la frontière entre l'Ukraine et la Slovaquie, du côté ukrainien. Velyki Selmentsi (Slovaquie) - Mali Selmentsi (Ukraine). 17 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
À la frontière entre l’Ukraine et la Slovaquie, du côté ukrainien. Velyki Selmentsi (Slovaquie) – Mali Selmentsi (Ukraine). 17 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind

La petite ville de Chop, outre son nœud ferroviaire, a un accès routier vers la Hongrie et la Slovaquie. Ce qui en fait un lieu stratégique, tant pour ceux qui cherchent à fuir l’Ukraine que pour ceux qui veulent y rester tout en ayant un accès rapide pour en sortir si nécessaire.

Selon le maire, depuis le début de la guerre, la population est passée de 10 000 à 15 000, et chaque jour voit son lot de nouveaux réfugiés arriver. L’école et la crèche, de l’autre côté de la rue, font désormais office de centres d’accueil. Aide et approvisionnement sont assurés par 4 municipalités voisines et quelques entreprises locales.

Le hall d'attente de la gare de Chop. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Le hall d’attente de la gare de Chop. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
À la station de souche de Chop. 16 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
À la station de souche de Chop. 16 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Le hall d'attente de la gare de Chop. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Le hall d’attente de la gare de Chop. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind

De nombreux bénévoles, locaux ou venus d’ailleurs se mobilisent. Les hommes qui n’ont pas été acceptés dans les forces de défense déchargent les trains remplis d’aide humanitaire. Des retraités collectent et lavent le linge des déplacés.

Dans l’école transformée en refuge, le photographe Ismail Ferdous a rencontré une famille de la région de Donetsk : Mykhailo, sa femme et leurs sept enfants. La famille appréhendait d’être prise en photo, après avoir entendu des histoires de représailles, racontées par d’anciens résidents de la région de Donetsk, dont les proches restés sur place ont été menacés et persécutés pour des propos proférés contre la Russie. Mykhailo redoute le pire pour les membres de sa famille et ses biens toujours à Donetsk, et craint que son nom n’apparaisse dans les médias.

Mykhailo avec sa femme et ses sept enfants de Donetsk. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Mykhailo avec sa femme et ses sept enfants de Donetsk. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind

Ils ont toutefois voulu partager l’histoire de leur famille qui a été forcée de quitter Donetsk en 2014 ; Mykhailo possédait une grande entreprise et il était dangereux pour lui de rester. À l’époque, les autorités autoproclamées de la région ont enlevé des hommes d’affaires, dont des amis de Mykhaïlo, et les ont détenus de force, exigeant une rançon pour leur libération. Depuis, ils vivent à Kyiv et prévoient de rester dans les zones frontalières autour de Chop tant que cela restera sûr.

Selon lui, les habitants de Donetsk ont subi un « lavage de cerveau à coups de propagande », et leur vision des événements actuels a été fortement influencée par le matraquage d’informations diffusées par la télévision russe. Ces 8 années d’endoctrinement ont convaincu beaucoup de gens que la seule façon de retrouver la paix dans la région est de s’unir à la Russie.

Concernant la guerre dans le Donbas, Mykhailo affirme : « Les gens ont récupéré des armes là-bas, mais elles doivent être détruites, car personne n’a le droit d’être armé sans l’accord du gouvernement, et tout le monde sait qui leur a fourni ces armes. Nous n’avons rien fait à temps contre ces individus armés, ce qui a conduit aux événements d’aujourd’hui… J’espère que nous allons vaincre. L’Ukraine a prouvé par le passé que c’est une nation valeureuse et nos soldats en ont conscience. Ils sont déterminés et prêts à verser leur sang, ils n’abandonneront pas notre terre. »

L'entrée du Chop de la ville, où se trouve une statue de Taras Shevchenko. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
L’entrée du Chop de la ville, où se trouve une statue de Taras Shevchenko. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Des dons rassemblés dans une école de Chop servant d'abri de fortune. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Des dons rassemblés dans une école de Chop servant d’abri de fortune. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Salle à manger École transformée en abri de fortune pour les réfugiés dans le Chop Ukraine. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Salle à manger École transformée en abri de fortune pour les réfugiés dans le Chop Ukraine. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Une école transformée en un abri de fortune pour les réfugiés, à Chop, en Ukraine. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Une école transformée en un abri de fortune pour les réfugiés, à Chop, en Ukraine. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind

La crèche de Chop a, elle aussi, été reconvertie en centre d’accueil. Le lieu, calme et douillet, sert de refuge pour les familles avec de jeunes enfants. Cinq cuisiniers s’y relaient, par tours de 24 heures, afin de nourrir les quelque 200 résidents.

Slava et Daniel Mozart ont également fui Kyiv pour Chop. Père et fils ont survécu à la première semaine de guerre dans la capitale, mais les bombardements s’intensifiant, la famille a décidé d’évacuer le fils de plus en plus terrorisé. La femme de Slava est, elle, restée travailler à Kyiv. Slava espère emmener son fils à Varsovie, loin des combats. Il tente actuellement d’obtenir les papiers qui leur permettront de voyager, Slava étant titulaire d’une « carte blanche » qui l’exempte du service militaire. Sa mère est en route pour Chop, et ils seront donc bientôt tous réunis.

Slava et Daniel Mozart de Kiev. 16 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Slava et Daniel Mozart de Kiev. 16 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Un dessin d'enfants réfugiés dans une école de Kvacany, en Slovaquie. 9 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Un dessin d’enfants réfugiés dans une école de Kvacany, en Slovaquie. 9 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind

Natalia et ses cinq enfants, quatre filles et un fils, se sont également retrouvés à Chop, après avoir fui leur maison près de Mykolaiv, une ville proche de la mer Noire dans le sud de l’Ukraine, au nord-est d’Odessa. « On nous avait prévenus qu’il allait y avoir la guerre, mais personne n’y croyait. »

La famille est restée dans la ville un certain temps après l’invasion, les enfants à l’abri au sous-sol tandis que les adultes faisaient des allers-retours dans la maison pour préparer à manger et effectuer les travaux nécessaires. Finalement, lorsque le mari de Natalia a décidé que c’était trop dangereux, cette dernière et les enfants sont partis vers l’ouest tandis que lui est resté pour rejoindre la défense du territoire. Des connaissances les ont d’abord amenés à Mykolaiv, et de là, ils ont gagné Odessa. 36 heures plus tard, ils étaient arrivés à Chop en train.

La fille cadette était terrorisée par le moindre bruit, traumatisée par les puissantes explosions avant qu’ils ne quittent leur maison. Quant au fils de Natalia, il ne la quitte plus, agrippé à sa main de peur d’être abandonné.

Natalia, avec ses quatre filles et un fils, à Chop, en Ukraine. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Natalia, avec ses quatre filles et un fils, à Chop, en Ukraine. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Natalia, avec ses quatre filles et un fils, à Chop, en Ukraine. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Natalia, avec ses quatre filles et un fils, à Chop, en Ukraine. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind

La famille avait prévu de venir à Chop quelques jours seulement, puis de retourner chez eux. Ils appellent tous les jours et on leur dit de ne pas revenir car c’est encore trop dangereux. Les femmes plus âgées cherchent du travail à Chop, ou tentent de trouver quelque chose à l’étranger. Natalia explique que leur fuite a été en grande partie motivée pour la sécurité de ses filles. En effet, des rumeurs courent sur le sort réservé aux jeunes filles par les occupants.

Rumeurs qui se sont avérées exactes. Maria Mezentseva, une députée ukrainienne, a déclaré lors d’une interview télévisée sur Sky News, que les soldats russes agressaient sexuellement les femmes et les violaient. Selon elle, à Brovary, dans la banlieue de Kyiv, une femme a été violée sous les yeux de son enfant. Les autorités ont ouvert une enquête. « Un cas est actuellement traité [par] le bureau du procureur, et sans entrer dans les détails, un civil a été abattu dans sa maison dans une petite ville à côté de Kyiv… Sa femme a été – je suis désolée mais je dois le dire – violée plusieurs fois devant son enfant mineur. »

« Il y a beaucoup plus de victimes que ce seul cas instruit par le procureur général », a déclaré Maria Mezentseva. « Et bien sûr, d’autres seront rendus public dès que ces femmes seront prêtes à parler. »

Une femme et sa fille, dans une école de Kvacany, en Slovaquie. 9 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Une femme et sa fille, dans une école de Kvacany, en Slovaquie. 9 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Alexander, Myroslava et Valeria. Dès que la première fusée est tombée à Gostomel, il lui a fallu 15 minutes pour se décider à quitter sa maison. Alexander a décidé de se rendre d'abord en Transcarpathie, puis en Europe, où ses amis l'ont invité, mais à la frontière, il s'est avéré qu'il n'avait pas les documents nécessaires - aucun certificat confirmant qu'il est un père célibataire. Après une tentative infructueuse de quitter le pays, il ne renonce pas. Il écrit des appels aux fonctionnaires, communique avec les médias pour avoir enfin la possibilité d'emmener les enfants dans une zone sûre où il pourra trouver un emploi et offrir aux filles une vie à laquelle elles sont habituées. Actuellement, la réponse qu'il reçoit est la suivante : les documents dont il a besoin doivent être délivrés uniquement sur le lieu de résidence, et il est actuellement impossible de le faire à Irpin. 16 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Alexander, Myroslava et Valeria. Dès que la première fusée est tombée à Gostomel, il lui a fallu 15 minutes pour se décider à quitter sa maison. Alexander a décidé de se rendre d’abord en Transcarpathie, puis en Europe, où ses amis l’ont invité, mais à la frontière, il s’est avéré qu’il n’avait pas les documents nécessaires – aucun certificat confirmant qu’il est un père célibataire. Après une tentative infructueuse de quitter le pays, il ne renonce pas. Il écrit des appels aux fonctionnaires, communique avec les médias pour avoir enfin la possibilité d’emmener les enfants dans une zone sûre où il pourra trouver un emploi et offrir aux filles une vie à laquelle elles sont habituées. Actuellement, la réponse qu’il reçoit est la suivante : les documents dont il a besoin doivent être délivrés uniquement sur le lieu de résidence, et il est actuellement impossible de le faire à Irpin. 16 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind

Les violences sexuelles commises par les soldats russes ont commencé dès que la Russie a envahi l’Ukraine. Le New York Times, citant l’avocate ukrainienne Kateryna Busol, a rapporté que « ces témoignages se multiplient, et les cas sont beaucoup plus répandus que la seule affaire évoquée par le procureur général ».  Selon elle, les victimes de sévices sont innombrables dans l’est et le sud de l’Ukraine, des zones occupées par les forces russes.

Le 22 mars, la famille a envoyé un message au photographe Ismail Ferdous pour lui dire qu’elle se rendait à Prague. Le mari de Natalia précise qu’il est très fatigué, mais qu’il est aussi en sécurité que possible.

Lorsque les réfugiés ukrainiens fuyant la guerre parviennent à la frontière avec la Slovaquie ou la Pologne, ils finissent parfois par attendre de pouvoir s’échapper et de trouver une situation plus sûre. Viktoria, qui voyage avec sa grand-mère, Oksana, et son chien Feda, est l’un de ces cas. Ils ont fui de Kiev à la frontière slovaque en une journée en empruntant le train et le bus. Et maintenant, ils attendent sur le bord de la route leur chance de traverser.

À la frontière entre la Slovaquie et l'Ukraine, une jeune femme, Viktoria, avec sa grand-mère, Oksana, et son chien. 8 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
À la frontière entre la Slovaquie et l’Ukraine, une jeune femme, Viktoria, avec sa grand-mère, Oksana, et son chien. 8 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Peter, 84 ans, professeur de physique à la retraite de l'université de Kharkiv et sa femme Olga, qui ont fui à Lublin en Pologne. 11 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Peter, 84 ans, professeur de physique à la retraite de l’université de Kharkiv et sa femme Olga, qui ont fui à Lublin en Pologne. 11 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind

De l’autre côté de la frontière, d’autres s’en sortent après avoir attendu et trouvent un abri. Peter, 84 ans, est un professeur de physique à la retraite de l’université de Kharkiv. Avec sa femme Olga, il a fui vers Lublin en Pologne. Ils vivent maintenant dans une maison d’hôtes. « Nous avons un fils », dit Peter. « Il vit aux États-Unis. Nous avons longtemps vécu dans notre ville natale mais nous vivions dans ce qu’on appelle la zone de sommeil de la ville. Où seuls les civils vivent et cette zone chaque nuit bombarde au plus haut point de nombreuses maisons sont détruites à partir de notre maison. Ma femme et moi sommes déjà des personnes très âgées, nous avons 84 ans. Il est très difficile pour nous de nous habituer à la vie et aux caractéristiques sociales étrangères, y compris l’apprentissage d’une langue étrangère, ce qui complique notre état actuel. »

Iveta Hurna, originaire de Presov, en Slovaquie, a ouvert les portes de sa maison aux Ukrainiens comme beaucoup d’autres de ses compatriotes. Elle accueille actuellement les petits-enfants d’une de ses amies, une jeune femme d’Odessa âgée de 14 ans, son frère et son fils. Ici, ils trouvent la paix, la chaleur et des moments presque familiaux malgré ce qui se passe dans leur pays.

Eva, une jeune fille de 14 ans originaire d'Odessa, accueillie par Iveta Hurna, à Presov, en Slovaquie. 9 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Eva, une jeune fille de 14 ans originaire d’Odessa, accueillie par Iveta Hurna, à Presov, en Slovaquie. 9 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Eva, une jeune fille de 14 ans originaire d'Odessa, accueillie avec son frère et son fils Yarik par Iveta Hurna, à Presov, en Slovaquie. 9 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Eva, une jeune fille de 14 ans originaire d’Odessa, accueillie avec son frère et son fils Yarik par Iveta Hurna, à Presov, en Slovaquie. 9 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Une jeune fille de 14 ans originaire d'Odessa, accueillie avec son frère et son fils par Iveta Hurna, à Presov, en Slovaquie. 9 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Eva, une jeune fille de 14 ans originaire d’Odessa, accueillie avec son frère et son fils Yarik par Iveta Hurna, à Presov, en Slovaquie. 9 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind

La gare de Chop est un endroit froid et sombre, où la lumière et l’air frais sont rares. Un train en provenance de Dnipro, déverse son lot de réfugiés des régions orientales de l’Ukraine. Ils font la queue en fonction de l’endroit où ils veulent se rendre. La foule est principalement composée de femmes, d’enfants et de personnes âgées, tous épuisés par le voyage. La plupart semblent inquiets et tentent de s’orienter en suivant les annonces concernant les trains d’évacuation.

Le président des chemins de fer ukrainiens, Oleksander Kamyshin, a déclaré mi-mars qu’environ 90 000 réfugiés se pressaient chaque jour dans les trains, véritable bouée de sauvetage pour ceux qui tentent d’échapper à l’invasion russe. Et ce, malgré les bombardements sur certains tronçons ferroviaires. Le 2 mars, il a déclaré à Politico : « Nous réparons nos infrastructures, mais ils continuent à les détruire…. Nous continuons à les réparer sous le feu ennemi, et nous continuons à faire circuler les trains. »

À la gare de Chop, le photographe Ismail Ferdous a fait la connaissance de Victoria et de son fils. Arrivés de Kryvyi Rih, une ville du centre de l’Ukraine, à peu près aux trois quarts de la distance entre Kyiv et la Crimée. Victoria et son fils tentent de quitter le pays. Son mari est resté sur place pour rejoindre les forces combattantes.

Victoria est arrivée à la gare de Chop en Ukraine. Elle a fui Kryvyi Rih avec son fils unique et son mari est resté en arrière, il travaille maintenant sur le territoire de l'Ukraine. défense du territoire de l'Ukraine. Sa ville a été bombardée par les avions russes. Chop, Ukraine. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour les aveugles
Victoria est arrivée à la gare de Chop en Ukraine. Elle a fui Kryvyi Rih avec son fils unique et son mari est resté en arrière, il travaille maintenant sur le territoire de l’Ukraine. défense du territoire de l’Ukraine. Sa ville a été bombardée par les avions russes. Chop, Ukraine. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind

Ce n’est pas seulement entre les murs de la gare ou dans les abris que l’on trouve des gens qui tentent de fuir la guerre. Des foules de réfugiés sont massées dans tous les lieux publics de Chop. La plupart semblent hagards et terrorisés. Tandis qu’une minorité parait avoir une idée précise de sa destination, l’immense majorité se dirige vers des terres inconnues.

Tetyana et ses filles avaient cet air de nouveaux arrivants quand Ismail Ferdous les a croisées dans un parc de la ville. Comme Victoria, Tetyana Kruglenko et ses filles Yeva, 12 ans, et Zlata, 5 ans, arrivaient de Kryvyi Rih. Elles ont fui la ville en voiture et ont passé la première nuit dans une maternelle de la ville d’Uman. De là, elles se sont rendues à Vinnytsia, où elles ont passé une nuit dans une église, avant de d’arriver à Kovel, où elles ont passé deux nuits chez des amis. Enfin, elles ont atteint Chop.

Lorsque la guerre a éclaté, le mari de Tetyana a appelé un ami de l’université, Serhiy, et lui a demandé d’accueillir sa famille. Plus tard, une cousine de Serhiy et son père lui ont également demandé asile. C’est ainsi que les trois familles se retrouvent aujourd’hui à vivre ensemble sous le même toit. Les femmes s’occupent de la maison, tandis que Serhiy travaille pour les chemins de fer.

Tetyanax avec sa petite fille, à Chop. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Tetyana avec sa petite fille, à Chop. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Un enfant réfugié jouant dans un séjour scolaire de fortune. 17 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Un enfant réfugié jouant dans un séjour scolaire de fortune. 17 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Sergei, son oncle et la famille de Tetyana, à Chop. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Sergei, son oncle et la famille de Tetyana, à Chop. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Tetyana avec sa petite fille, à Chop. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Tetyana avec sa petite fille, à Chop. 15 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind

Même s’il n’y a pas eu de combats dans la région de Transcarpatie, où se trouve Chop, et que la région est considérée comme sûre, on peut néanmoins sentir une certaine tension dans l’air. Après le bombardement, le 13 mars, du centre d’entraînement de Yavoriv, à seulement 30 km de la frontière polonaise, la situation dans la région a radicalement changé. Les habitants ont commencé à envoyer leurs familles à l’étranger, et ceux qui étaient venus dans l’espoir d’un peu de sécurité sont contraints de se déplacer vers d’autres zones, car la fragile situation de la région est à nouveau menacée.

Mais il reste encore des gens qui accueillent des parents ou amis. Et les volontaires qui aident les nouveaux arrivants. Peu d’Ukrainiens ne semblent pas impliqués d’une manière ou d’une autre. Au contraire, ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour le bien commun.

Une fille à Uzhhorod, Ukraine. 17 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Une fille à Uzhhorod, Ukraine. 17 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind
Alona, originaire de Khakhiv, en Ukraine, travaille dans le service technique d'une société de transport basée aux États-Unis et a étudié les chemins de fer à l'université. Sa mère est restée en Ukraine avec sa grand-mère. Elle veut recommencer sa vie, mais plus probablement au Royaume-Uni. Elle rêve toujours de retourner dans son pays et veut tout recommencer dans l'Ukraine libérée. 19 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU' pour Blind
Alona, originaire de Khakhiv, en Ukraine, travaille dans le service technique d’une société de transport basée aux États-Unis et a étudié les chemins de fer à l’université. Sa mère est restée en Ukraine avec sa grand-mère. Elle veut recommencer sa vie, mais plus probablement au Royaume-Uni. Elle rêve toujours de retourner dans son pays et veut tout recommencer dans l’Ukraine libérée. 19 mars 2022 © Ismail Ferdous / Agence VU’ pour Blind

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