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Le Studio 54, temple du glamour et de la splendeur

Le Studio 54, temple du glamour et de la splendeur

À l’occasion de l’exposition « Studio 54: Night Magic », Rose Hartman revient sur ses clichés pris sur le vif et ses souvenirs du mythique nightclub new yorkais.

27 avril 1977 : c’est l’événement de l’année, la soirée d’ouverture du Studio 54. L’élite culturelle de la planète s’est rassemblée devant le 254 West 54th Street et on s’y presse par centaines pour rentrer. Les initiés s’y sont glissés en passant par la 55th Street, une autre entrée de l’ancien studio de télévision CBS TV, transformé en nightclub. Certaines icônes telles que Frank Sinatra et Warren Beatty n’ont pas eu cette chance. Dépités de ne pas se voir dérouler le tapis rouge, ils rentrent chez eux. Ils vont tout rater.

Bianca Jagger sur un cheval blanc, 1977 © Rose Hartman

La scène évoque la célèbre série « Lifestyles of the Rich and Famous ». La très jeune superstar Brook Shields à son bras, Robin Leach, futur animateur de l’émission, fend la foule, parmi d’autres célébrités telles que Diana Vreeland, grande dame du monde, Dolly Parton, diva de la country, le couturier Halston, la mondaine Bianca Jagger, ou encore Cher, star de la pop. Parés de costumes créés par Antonio Lopez, les danseurs de la troupe d’Alvin Ailey transforment la fête en spectacle. Anthony Haden-Guest le racontera plus tard dans son livre, The Last Party, un médecin ouvre alors un énorme flacon de méthaqualone et les pilules passent de main en main. Alors que les effets de cette drogue récréative commencent à se faire sentir, la fête se mue en bacchanale évocatrice de Sodome et Gomorrhe, dans un foisonnement de tissus lamés, mousselines de soie, costumes blancs et fourreaux de satin.

Bethann Hardison et Daniela Morera, sous des masques fantaisistes, avec le styliste Stephen Burrows, 1978 © Rose Hartman

Parmi les convives se trouve la new-yorkaise Rose Hartman, ancienne professeure d’anglais devenue célébrité et photographe de mode, et dont la carrière est décrite dans le film documentaire The Incomparable Rose Hartman (2017). « Le seul nom de Studio 54 a toujours suscité l’image d’une fête incroyablement glamour et débridée, et ce n’est pas une exagération. Artistes, créateurs, mannequins, photographes, chanteurs et jetsetteurs, tout le monde s’y retrouvait », raconte Rose Hartman, revenant sur ses souvenirs et les photos rassemblées à l’occasion de l’imposante exposition itinérante Studio 54: Night Magic, accompagnée de son catalogue.

​Valerie Le Gaspi, femme du célèbre styliste Larry LeGaspi, 1977 © Rose Hartman

 

Mick Jagger à l’anniversaire de Bianca, 1977 © Rose Hartman

Le Studio 54, « jungle de mousseline »

En 33 mois, le Studio 54 devient le nightclub le plus renommé de toute l’histoire de New York, scène de magie mythique. Appliquant une politique rigoureusement sélective, les lieux ne laissent entrer que les plus prestigieux. À l’intérieur cependant, l’ambiance est la plus inclusive qui soit. Dans ce repaire de l’iniquité, Rose Hartman aiguise son talent pour les clichés pris sur le vif et crée une véritable archive consacrée aux icônes, capturées dans leurs moments de vie les plus intenses.

Doris Duke et Andy Warhol, 1977 © Rose Hartman

Son talent reflète parfaitement son tempérament et la détermination farouche qu’elle a développée dans les rues de New York. Elle a grandi dans le Lower East Side, bien avant sa gentrification, et fréquenté Hunter College Junior High et Hunter High School, les établissements les plus prestigieux de la cité. Armée de sa finesse, son intelligence et son ambition, la photographe se lance à l’assaut et triomphe aisément de ce qu’elle appelle « la jungle de mousseline ».

Diane von Furstenberg et Barry Diller © Rose Hartman

« Ce qui marquait la différence du Studio, c’était ce mélange de célébrités et d’inconnus, rassemblés dans une caverne d’Ali Baba nichée parmi les temples porno du Midtown, et le volume de la sonorisation, qui dépassait tout ce qu’on pouvait entendre ailleurs, raconte Rose Hartman. J’y dansais jusqu’au bout de la nuit. Je cachais mes appareils dans les haut-parleurs géants, prête à les dégainer dès qu’une personnalité intéressante passait par là. Ce que je voulais saisir chez mes sujets, c’était le moment où ils laissaient tomber les apparences, pour dévoiler ne serait-ce qu’une parcelle de leur âme. »

Par Miss Rosen

Miss Rosen est journaliste spécialisée en art, photographie et culture, et vit à New York. Ses écrits ont été publiés dans des livres, des magazines et des sites web, dont Time, Vogue, Artsy, Aperture, Dazed et Vice, entre autres.

Andy Warhol et Lou Reed © Rose Hartman

The Incomparable Rose Hartman Documentary
En streaming sur Amazon Prime et iTunes

Studio 54: Night Magic
The Art Gallery of Ontario, 317 Dundas Street West, Toronto, Ontario M5T 1G4, Canada
Bientôt disponible, date à confirmer. Jusqu’en avril 2021

Studio 54: Night Magic by Matthew Yokobosky
Rizzoli Electa
$39.95

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