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Perspectives : scruter la photographie

Perspectives : scruter la photographie

Lieu dédié à la photographie dans toutes ses formes et ses usages, l’Institut pour la photographie situé dans le Vieux-Lille a été initié en septembre 2017 par la Région Hauts-de-France avec la collaboration des Rencontres d’Arles. L’Institut se veut un lieu de ressources, de diffusion, d’échanges et d’expérimentations. Avant d’entamer des travaux en 2022, l’Institut présente du 8 octobre au 5 décembre 2021 une programmation intitulée « Perspectives » autour de dix expositions gratuites mises en place dans son espace, mais aussi en Hors-Les-Murs autour de la photographie vernaculaire, de la photographie de famille et des créations plus contemporaines. Quatre expositions s’y démarquent.

Série Pourquoi m’as-tu abandonnée, Elisabeth Berkley in a coucou’s nest, Los Angeles, 1996 © Bettina Rheims, fonds Bettina

 

Intime Agnès

Sel, 1951 © Succession Agnès Varda, Collection Rosalie Varda

Juin 1954. Agnès Varda inaugure sa première exposition de photographies au 86 rue Daguerre, dans le 14e arrondissement de Paris, dans ce qui deviendra sa maison-laboratoire et un lieu mythique de l’histoire du cinéma de la Nouvelle Vague. Ses proches et ses voisins viennent à l’évènement, on y compte notamment CalderHartung ou Brassaï. Portraits posés, portraits osés, portraits composés, c’est une incursion – entre réalité et fiction – dans l’univers d’Agnès Varda que les images montraient. L’institut reconstitue cette exposition en la complétant par des planches et tirages contacts inédits qui éclairent le contexte de production de ce premier événement personnel et intimiste. On connaît Agnès Varda réalisatrice et plasticienne. Beaucoup moins la photographe qui confessait au journaliste Vincent Raymond : « J’ai été photographe, un petit peu, mais bêtement, je n’ai pas fait de livre de photos. Faudrait que je le fasse, un jour. Pour moi, la photographie, c’est un mystère formidable : que se passe-t-il juste avant et juste après un instantané ? Et le cinéma est fait de milliers de photographies… »

 

Iconique Bettina Rheims

Série Pourquoi m’as-tu abandonnée, Madonna lying on the floor of the red room 1, New York, 1994 © Bettina Rheims, fonds Bettina Rheims, Fonds de dotation Institut pour la photographie

Dans son studio situé au cœur du Marais à Paris (que l’Institut pour la photographie propose de visiter virtuellement) Bettina Rheims photographiait, retouchait et archivait ses images. Alors que la photographe a fait don de l’ensemble de son fonds à l’Institut de la photographie, trois projets emblématiques de sa carrière seront présentés : « Détenues » ou 50 portraits de femmes incarcérées, prises en 2014, que la photographe considère comme un « manifeste. C’est montrer ce que vous ne voulez pas voir, ce que vous ne regardez pas». La série « La Chapelle », développée en 2018, où elle dépeint un L.A. sulfureux et underground et enfin, « Rose c’est Paris », réalisée en 2010 où à travers la fiction d’une jeune femme, Rheims imagine un ensemble de scènes comme des tableaux vivants. Pour cette dernière série, les commissaires (et la photographe) proposent de mettre en perspective les archives de Rheims avec les images finales de son projet personnel qui marquera une étape importante dans sa carrière.

Vannessa Bareck, Détenues, 2014 © Bettina Rheims, fonds Bettina Rheims, Fonds de dotation Institut pour la photographie

 

L’empathie de Jean-Louis Schoellkopf

La Ricamarie, Mineurs, 1984 © Jean Louis Schellkopf

Depuis plus de cinquante ans, Jean-Louis Schoellkopf photographie à la chambre grand et moyen format, souvent sur trépied, avec un temps de pose long et limite ses prises de vue à quelques clichés. Dans une approche documentaire, Schoellkopf s’est intéressé à la fin de l’ère industrielle, la culture ouvrière et les transformations du paysage urbain. Ses portraits suivent un protocole identique : il photographie ses sujets dans leur environnement familier – travail ou domicile – en les laissant poser librement. L’ensemble de son œuvre atteste d’une démarche d’auteur où se mêlent empathie pour les sujets photographiés et acuité du regard. Cette première exposition propose une sélection de travaux personnels et de commandes consacrés au portrait et à l’urbanisme, incluant son installation présentée à la Documenta X de Cassel en 1997.

Vénissieux, Vaulx en Velin, 1983 © Jean Louis Schoellkopf

 

370 Nadine Catry

370 photographies de Nadine Catry, une jeune fille belge. 370 photographies qui déroulent une partie de sa vie, de sa naissance en 1926 à ses 27 ans. Derrière cette exposition, il y a la collection de Nadine et Paul Catry. Depuis une dizaine d’années, ils collectionnent des tirages anonymes de divers sujets et périodes. L’exposition propose la reconstitution d’une frise chronologique de la vie de Nadine Catry, avec la retranscription des annotations découvertes au dos des photographies. Certaines images ont été isolées, rassemblées et complétées par d’autres tirages plus récents de la collection de Nadine et Paul Catry, afin de mettre en exergue les singularités de cette histoire privée, et de contextualiser cette pratique individuelle en regard de l’histoire de la photographie instantanée amateur. L’exposition est aussi participative et invite le public à enrichir cette enquête collective.

Par Sabyl Ghoussoub

Né à Paris en 1988 dans une famille libanaise, Sabyl Ghoussoub est un écrivain, chroniqueur et commissaire d’exposition. Son deuxième roman Beyrouth entre parenthèses est sorti aux éditions de l’Antilope en août 2020.

« Perspectives », du 8 octobre au 5 décembre 2021, Institut pour la photographie, 11 Rue de Thionville, 59000 Lille.

Mardi Gras, 1953 © Succession Agnès Varda Collection Rosalie Varda
Lu, Détenues, 2014 © Bettina Rheims, Fonds de dotation Institut pour la photographie
Vénissieux, Vaulx en Velin, 1984 © Jean Louis Schoellkopf

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