Tod Papageorge, accrochés à l’Acropole

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- 28 février 2020

par Blind Magazine

Une série de photographies réalisée en 1983-1984 est publiée par l’éditeur STANLEY/BARKER. Dans un élégant camaïeu de gris, elles présentent les déambulations de touristes sur le célèbre site grec et montrent à quel point ce lieu est une invitation à la contemplation.

Tod Papageorge, On the Acropolis, published by STANLEY/BARKER

Certains sont comme des lézards, allongés sur un fragment de ruine antique, s’abandonnant au soleil, languissants et tranquilles. D’autres flânent, leur appareil photo à la main – y compris des enfants – cherchant un point de vue idéal dans ce vaste plateau toujours bondé de touristes. Tod Papageorge prend le contre-pied de cette vaine entreprise et préfère aux grandes colonnes les jambes bronzées des jeunes gens venus découvrir ce symbole de la civilisation européenne.

Formé aux côtés des plus grands noms de la photographie de rue américains, tels que Joël Meyerowitz ou Garry Winogrand, le photographe sait repérer les lieux propices au théâtre de la vie, petites tragédies et comédies du quotidien. Ainsi qu’il l’a fait avec Central Park à New York, il s’est plu à traquer ces expressions humaines cocasses et tendres dans la torpeur estivale d’Athènes. Le moment où la ville connaît l’afflux touristique le plus important de l’année.

Éblouissant

C’est aussi le moment où le soleil est le plus franc et le plus haut, modifiant les volumes et les formes, écrasant les perspectives d’une lumière éblouissante, formant comme un bloc de marbre prêt à être taillé. Le photographe le dit lui-même : « à mes yeux, ces photographies sont comme la peinture des vases grecs et les sculptures en bas-relief ». De fait, la beauté de ces clichés réside sans doute dans la douceur et les nombreuses nuances de gris qui font émerger les formes et accentuent le caractère dramatique des scènes photographiées.

Des scènes forcément éphémères dans un lieu où les passants font la vie tandis que les pierres restent immuables et muettes. À sa modeste échelle, le photographe se veut lui aussi le garant d’une certaine éternité, rapportant des instants qui n’appartiennent qu’à ce site. Une certaine nostalgie se dégage au contact de ces photographies qui rappellent à ceux qui ont eu la chance de découvrir ce lieu, le bonheur d’y être allé.